Les S.A. à associé unique :caricatures de l'islam économique

                         S.A. à  associé unique

Ci-dessous le résumé d’une nouvelle que j’ai publiée vers la fin du siècle passé dans le quotidien marocain arabophone communiste Bayane Al Yaoum . Cette nouvelle a été traduite en langue espagnole par Juan Goytissolo et elle figure dans l’anthologie de la littérature maghrébine…

« Sidi Lhadj vient de grossir. Il a tellement de flousse qu’il n’arrive plus à les compter… Des flousses tombent du ciel telle une tempête.

Le Hadj ne fait que des affaires  halal. Même lorsqu’il a ramassé tous les oignons du souk pour se livrer à une spéculation universellement interdite aujourd’hui sauf dans les pays du capitalisme sauvage à la sauce islamique où elle semble halal… Il se souvient que lorsqu’il n’arrivait plus à écouler ses oignons avec une marge bénéficiaire de plus de 100 %, il en était tombé malade.

Il sourit cependant, en se rappelant le moment où il tomba dans les pommes lorsqu’il  vit que ses oignons commençaient à pousser et donc à pourrir.… On lui fit  sentir un morceau d’oignon non encore pourri. Il se réveilla. Sa femme lui dit :

«Sidi Lhadj, voici les cartes que le comptable nous a apportées!» Elle lui tend cinq cartes de CNSS: la sienne, et celles de ses quatre filles.

Le hadj, PDG d’une S.A. (société anonyme) brassant des dizaines de millions de Dirhams et employant une trentaine de personnes, déclare surtout à la caisse sociale sa femme analphabète et ses quatre filles auxquelles il a distribué un pour cent du capital social de sa société… 

Ainsi, si les «S.A.R.L. à associé unique» forment un large pan du tissu économique de notre royaume, les «S.A. à associé unique»  forment le fer de lance de la SCIE (Société Capitaliste, Individualiste et Egoïste) qui va scier les familles musulmanes relativement aisées tandis que les pauvres familles populaires, les cousins et cousines des heureux "associés" sont invités à former des coopératives de mendicité… 

Ce merveilleux système  aboutit à des disparités plus diaboliques qu'humaines, des disparités parfaitement malsaines; Ainsi, on trouve des Belkhayate qui roulent sur l'or et des Belkhayate qui rampent sur le goudron, des docteurs Berrada qui n'ont jamais mis les pieds dans une école publique et des Berrada qui perdent leur t  emps dans cette ex- école publique, des Cherkaoui qui ne roulent que dans des 4X4 haut de gamme et des Cherkaoui qui mendient pour avoir une chaise roulante... 

Cette SCIE aboutit à une concentration malsaine des richesses du royaume entre les mains d’une poignée d’individus docteurs dans les techniques de la corruption,  des détournements, et de la spoliation… 

Imaginez seulement le fonctionnement d’une société anonyme à associé unique… Un individu plein aux as se réunissant avec lui-même sous l’œil forcément bienveillant  de son commissaire réglementaire, de son avocat obligatoire, de sa secrétaire d’érection et de ses autres lui-même…

Vous conviendrez que les juifs qui ont inventé les S.A. sont intelligents et que les musulmans qui mettent en pratique cette invention, avec leurs S.A. à associé unique, sont des génies qui attendent Godot pour l’accompagner au paradis. Un paradis où ils seront seuls avec leurs 72 vierges chacun… Autrement dit le bout du nikah éternel…

Comment cela peut-il  être autrement dans un système où la corruption est érigée en principale industrie ?…

SI NOS ISLAMISTES ÉTAIENT MUSULMANS, ILS AURAIENT UN MINIMUM DE CHARITÉ ISLAMIQUE EN NE FAVORISANT PAS CES STRUCTURES - MASQUES, CES NIDS DE L'INDIVIDUALISME ÉGOÏSTE !

Le «nikah» : contrat de mariage musulman traditionnel, mot de la même famille que «niquer», une notion de virilité institutionnalisée par les arabes et qui consiste à être écrasé dès la naissance par ceux avec lesquels on partage l’origine voire l’utérus…