Voici un très brève extrait du roman que je viens de réécrire complètement. Vous pourrez le télécharger avant la fin de l'actuel printemps. Je commence par ce texte pour rendre hommage aux Israéliens et précisément aux 800 000 Juifs marocains... D'abord parce que ces Juifs lisent infiniment plus que les habitants des 20 pays de la Ligue Arabe réunis, ensuite parce qu'ils soutiennent l'intégrité territoriale du Maroc...
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Abdel Adim mangea l'omelette la plus appétissante de sa vie.
Madame Sara prit un très grand plat métallique. Elle le posa sur le braséro ou kanoune où il y avait du charbon de bois en feu. Elle versa de la mahia dans le plat chaud. Des vapeurs commencèrent vite à s’élever.
- Éteins la lumière Adéma ! Dit Sara à sa fille qui s’exécuta rapidement.
Avec un briquet, Ichou alluma les vapeurs de la mahia. Une lumière verte éclaira le salon de la villa. Tous eurent de beaux visages de couleur vert jardin, vert olive, vert amande, vert citron, vert absinthe et vert paradis. Autrement dit il y avait un vert que le jeune maître n’avait jamais vu sur terre. La lumière des vapeurs de mahia en train de brûler avait mis des masques aux personnages du salon.
Il se regarda dans un grand miroir artisanal: Son visage avait le même masque vert que les trois juifs et que Mohamed.
Non loin d’un chandelier hébreu à neuf tiges, les infinies nuances du vert fêtaient neuf choses, neuf belles et positives valeurs : l’optimisme, la jeunesse, le calme, le bonheur, l’énergie, l’harmonie, la réussite, la permission, et la sérénité.
Abdel Adim eut honte de son rouge révolutionnaire, combatif et sanguin. S’il le pouvait, il aurait changé la couleur de son propre sang pour le rendre moins rouge ou mieux encore multicolore.
Mais il comprit vite que sans le rouge, le vert n’existerait pas.
Lorsque, Mohamed, le gardien, qui n’avait plus beaucoup de dents normales, éclata de rire, on aurait dit que c’était Dracula en personne. Mais les continuels sourires d’Adéma faisaient de ce méchant personnage mythique un gentil clown. Celui-ci se versa un grand verre de mahia et l’avala d’un trait.
- Mange un peu, Mohamed ! Tiens ! Prends ces belles noix ! Tu vas encore te saouler ! Dit Sara avant de se mettre à chanter des chants hébraïques et séfarades mêlés de mots de la langue darija marocaine.
Les trois hôtes juifs du jeune musulman chantaient la paracha et la haftara puis la hija mia avec ses beaux refrains d’aman. En...