Le temps ! Ah ! Le temps ! Le temps des morts est arrêté. Tandis que celui des vivants court non stop. Fatalement, il court aussi pour finir par s'arrêter. Voici une belle citation du très grand écrivain français, l'ex camarade communiste Milan Kundera qui était venu en juillet 1969 animer des journées culturelles organisées dans l'ancien CPR à coté de l'ex hôtel Hilton de Rabat. Milan Kundera a assisté avec nous à l'alunissage télévisé de l'astronaute américain ! Longtemps après avoir reçu la nationalité française des mains du président François Mitterrand, le jour même où mon père quittait ce monde (en 1981) Kundera écrit: "Le temps humain ne tourne pas en cercle mais en ligne droite. C'est pourquoi l'homme ne peut être heureux puisque le bonheur est désir de répétition". Milan Kundera vient de mourir cette semaine qui s'achève ! Il venait d'avoir 94 ans !
Il a donc rejoint mon père, Ahmed LEMLIH mort 42 ans avant lui ! Les deux hommes ont de commun deux qualités: La modestie et le respect voire l'amour pour la France qui les a bien accueillis; Le Tchécoslovaque et le Marocain étaient des émigrés exemplaires. En 1969 j'étais étudiant. Très impressionné par l'enthousiasme de Kundera dont la position idéologique était proche de celle du PCM, j'ai brillé dans les journées culturelles comme en témoignent les écrits qui restent. Mais je ne peux être et ne suis heureux ! Milan Kundera a laissé plus de 40 ouvrages très divers. Mon père a eu plus de 40 descendants très divers !
Mais si papa revenait, il serait vite retourné dans sa tombe. Sa quarantaine de filles et de fils sont en général dans de beaux draps: Victimes d'un système inégalitaire, hyper corrompu, plus des 3/4 parmi eux souffrent et baignent dans une ignorance programmée pour l'immense majorité de nos compatriotes. Pour nous tous, exister est devenu synonyme de courir derrière et pour l'argent ! Et le clergé du royaume est le premier responsable de notre malheur. Voici le message que je voudrais envoyer à mon père:
Papa repose en paix ! Quelques moi avant de mourir, fin des années 1970, tu m'as dit: "Il pleut du fric dans notre magasin. Tu as alors construit une belle maison à Tagadirt, dans notre douar natal de l'Atlas. Fidèle à tes racines, comme le sont la plupart des oulad lahlal, tu n'as pas perdu ton âme sous la pluie du fric. Au lieu de chercher à collectionner des propriétés, tu as cherché tes proches perdus dans les plaines atlantiques... Bref, repose donc en paix loin de ce monde devenu malade et aveugle face à l'argent...
La mort est la reine de l'égalité totale entre tous les hommes sans exception. Quelques mois après la mort de mon père modeste inconnu en 1981, j'assistais à Casablanca à l'enterrement du Docteur Aziz Belal, le premier ministre du travail après l'indépendance du Maroc et célèbre économiste mort dans un incendie à Chicago (USA). Sur sa tombe feu Ali Yata a planté des géraniums en qualifiant ces fleurs de "fleurs prolétariennes". Dans l'appartement du défunt au 10ème étage avenue des FAR (Casablanca) j'ai parlé de la récente mort de mon père. Seuls les grands tel Ali Yata, Simon Lévy et A. Layachi n'avaient pas souri de travers en me reprochant d'avoir comparé mon père, simple commerçant d'alcool à Marrakech avec un grand homme comme Docteur Aziz Belal... C'était l'époque où j'étais communiste ! Aujourd'hui après plus de 60 ans d'activités cérébrales quotidiennes, je suis tombé dans le marécage des désillusions et des doutes. Doutes absolus ! Sans mon excellente fabrique d'espoir, peut être due au fait que je suis né dans et sur le roc de notre montagne, je serai une victime des alcools ou des drogues comme la plupart des grands hommes que j'ai connus...
Allah yerhmou
RépondreSupprimerMerci beaucoup cher ami ! Que Dieu vous garde !
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