Je plaints notre Roi de devoir s'adresser à une assemblée malade de courir derrière les indemnités... "Bande de sidis TDC, ce n'est pas le billet bleu qui vous parle mais un grand et modeste roi !"...
En ce vendredi saint où notre Roi Mohamed 6 s'apprête à ouvrir la session d'automne du Bar Lamane... Une corvée pour notre Souverain devant une assemblée composée de gens qui n'ont de commun que la maladie, je vous offre chers lecteurs un autre extrait de mon futur roman autobiographique (aube de l'indépendance)
... Mais l’explosion d’une mine dans le chantier d’un puits non
loin me fit revenir sur mes pas. Je faussai donc compagnie à mon oncle pour aller voir Balla de Tagadirt,
un cousin lointain, qui creusait un puits non loin de sa nouvelle maison,
construite hors du douar lui aussi. C’était sur le flanc du mont Maaden, à l’ouest, derrière Tagadirt.
Après le rituel salam alikom des grands, je lui demandai
comment il faisait pour ses mines. Il me dit en me montrant de la poussière noire :
-
C’est tout ce qu’il y a de
plus simple. Je prends cette poudre faite de soufre, de nitrate et de charbon
de bois. Je la mets dans un trou. J’imbibe une ficelle d’huile. J’allume
celle-ci et je me sauve ».
Lorsqu’il me laissa pour aller voir ce que sa mine qui avait
explosé avait produit, je lui vole un peu de poudre que je mis dans un morceau
de tissu. Puis je rentrai à la maison. Enfant résolu et obstiné, je cherchais des
clous de girofle longuement. Enfin je les trouvai dans un pot en terre cuite
dans la pièce qui nous servait de cuisine sans potager bien sûr.
Profitant du fait que ma mère était descendue chez les
animaux, je voulais faire comme avaient fait les Français au souk Djemaa : J’enlevai
la marmite de lentilles de dessus le kanoun (braséro en argile cuite). Je la
posai doucement par terre. Content qu’il y avait toujours du charbon de bois,
des charbons ardent, je le pris avec un grand effort. Je montai sur le toit. Je mis les clous de girofle
et le tissu portant la poudre dans le feu et je jetai la bombe sur la placette
de notre douar où heureusement il n’y avait personne… En tombant à l’entrée de
la mosquée voisine de chez nous, le
projectile explosa avec un grand bruit.
Quelques heures après tout le douar ne parlait plus que de
la bombe du petit morveux fils du Parisien. Mais personne ne me frappa. Mes camarades trouvaient
mon acte à la fois drôle et incompréhensible. Ma mère me lança :
-
Mais, maman ! Je
voulais seulement voir comment ont fait les Français au souk où ils ont blessé
à la jambe mon grand-père, ton papa !
-
Maintenant tu as brisé le
kanoune. Dit-elle sur un ton frénétique avant de regarder la marmite par terre
et de dire : « Nous allons manger des lentilles dures comme la
pierre car non cuites ! » Me dit-elle les larmes aux yeux. Elle
ajouta dans une rage tendre, en versant ses larmes et en éclatant de
rire : « Tu veux faire comme les Français ?! … Mais
les Français ne mangent pas des lentilles non cuites. Sinon ton père ne serait
pas revenu aussi gros, très gros de France ! Je vais retourner au feu de camp et cuisiner sur
trois gros cailloux. Dit-elle en se rongeant le cœur pendant que je me rongeais
les ongles comme un grand.
Keltoum, ma petite sœur d’à peine deux ans qui dormait dans
une chambre attira l’attention de ma mère qui s’en alla. Peu de temps après, je vis Kelroum fraiche et
pimpante, les cheveux brossés avec une petite natte tressée. Elle riait et
s’amusait. Puis silencieuse elle dit :
-
C’est dada (grand frère)
qui a fait boom… Je veux voir boom !
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