dimanche 25 mai 2014

Inezgane: Il sacrifie son oncle pour un 2Oème point de vente

   
Ce samedi matin 24/05/2014, lorsque j'ai accompagné deux ouvriers à la gare routière d'Inezgane - Ils vont travailler chez les Oubarka à Tan Tan-, j'ai assisté à une de ces illustrations quotidiennes des effets néfastes du capitalisme individualiste et égoiste sur les familles marocaines... Contrairement aux bons rapports entre les membres d'une même famille et entre les voisins, rapports qui résistaient y compris dans les périodes de famines ou d'épidémies, on assiste, aujourd'hui, avec un pénible sentiment de nostalgie, à l'affaiblissement voire à la disparition de ces bons rapports.
Dorénavant, lorsqu'un individu trouve une idée, un créneau, un filon, bref un moyen pour s'enrichir, il s'en empare tout seul exactement comme un chien affamé qui trouve un os.  Le partage et l'association ne figurent pas du tout dans son registre...  Cela conduit à une concentration socialement malsaine des richesses entre les mains non plus de quelques familles, encore moins de quelques tribus, mais entre ceux de quelques individus... 
Ainsi, le capitalisme individualiste et égoiste triomphe dans la destruction des familles et dans le pourrissement par le fric de quelques individus aussi malins qu'égoistes... 
Il est aisé de comprendre pourquoi le Makhzen (le pan sous-développé du pouvoir au Maroc) favorise, depuis le tout début de l'indépendance, cette concentration des richesses par toute une panoplie de subterfuges tantôt sous prétexte de "modernisation", tantôt sous celui de rentabilité...  Il espère que les profiteurs des divers dons, de multiples faveurs, de nombreux agréments et  de beaucoup de licences formeront une classe-tampon entre lui et les millions de déshérités d'autant plus que ces derniers ont pour culture le très islamique et bien fataliste "sabre" (la patience en arabe). C'est un véritable sabre planté dans le corps des déshérités masochistes par nécessité et drogués par essence, pour le moment...
Voici l'illustration à laquelle je viens d'assister:
Un jeune homme bien habillé  très bronzé et apparemment pas à l'aise,  descend d'un 4X4 tout neuf. Il se dirige vers une minuscule boutique où un autre jeune  vend toutes sortes de graines: des cacahuètes, des amandes, des noix, des pistaches...  C'est visiblement le patron puisqu'il reçoit un paquet de billets de banque et lance à un vieil homme qui vient vers lui :" Sir t'9awed a khali ana mamcharek m'3ak!" ( va chier tonton, je ne m'associe pas avec toi!) Et il monte dans son 4X4 et s'en va.
J'apprends que ce jeune est issu d'une tribu de la région de Tata qui ne représente que moins de 0,20 %  de la population du royaume mais qui concentre entre ses mains plus de 30% du commerce des graines commestibles au Maroc. Le jeune possède une vingtaine de points de vente!... 

Seul ou associé, riche ou pauvre,  voici le fatal terminus de la course de tous...

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