jeudi 5 novembre 2015

Espionner le Polisario pour 2 Euros !

 Lorsque j’ai espionné le Polisario pour 20 DH...
A l’occasion du 40ème anniversaire de la Marche Verte pour la récupération du Sahara occidental marocain, voici un autre extrait de mon roman autobiographique qui sera publié l’an prochain.


  « J'étais en poste au lycée Al Kindy de Nador , à la veille de la Marche Verte pour la récupération du Sahara Occidental.  Le neveu de Fkih Basri que j’ai connu à Demnate lorsque j’y étais en poste , m’a appris qu’une réunion entre la gauche marocaine et des Sahraouis allait se tenir à Oran , en Algérie .

 Comme c’étaient des vacances scolaires , j’ai donc pris un taxi jusqu’au poste frontière de Zouje Bghal ; puis jusqu’à Oran . J’ai rencontré Fkih Basri qui venait de Marseille dans un vieil hôtel, non loin de l’ancienne gare routière . Il m’a permis d’assister à une réunion où il y avait ses « frères ittihadis » que nous cataloguions comme « petits bourgeois sociaux démocrates » des camarades proches de Abraham Serfaty et de Sion Assidon, marxistes léninistes que nous considérions comme des gauchistes   tout comme les Sahraouis. Il y avait surtout des Algériens « sociaux démocrates » du parti unique du FLN (Front de Libération Nationale). La réunion s’est tenue dans une salle de la municipalité d’Oran sur les hauteurs …

 Comme Fkih Basri était toujours condamné à mort par contumace à cette époque-là , il était très virulent contre Hassan II . Il était même plus dur que le principal militant sahraoui : M.El Ouali qui créa le Polisario et qui sera tué par les services algériens après la Marche Verte. Ce gauchiste marocain, qui a fait l’Université de Rabat, était un tribun qui pouvait parler des heures non stop comme Fidel Castro. Le « frère » algérien qui dirigeait la rencontre a du lui couper la parole.. La réunion de tous ces gens "qui voulaient libérer le Maroc de sa monarchie" n’a duré que peu de temps. Elle s’est terminée vers treize  heures …

 J’ai donc pris rapidement le chemin du retour après une courte promenade sur la corniche d’Oran et dans le centre ville où il y avait les vestiges de la présence française que les Algériens tentaient de maquiller ou de faire disparaître .

 Au poste frontière de Zouje Bghal côté marocain , je fus accueilli par trois policiers qui m’ont vite embarqué dans une Simca 1100 pour me conduire je ne savais  où . La douzaine de kilomètres entre la frontière et Oujda me parut aussi longue que le millier de kilomètres entre Oujda et Agadir .

A chacune de mes questions les trois policiers me répondaient presque en chœur : «skate l’mok ! » ( ta mère ! Tais-toi ! ) . Je m’imaginais exclu de l’enseignement et envoyé au bagne de Tazmamarte … En même temps j’avais confiance en la police d’un régime qui venait de sortir de 2 tentatives sanguinaires de coup d’Etat … En trois ans , j’étais sorti de l’adolescence pour devenir adulte .

 Adolescent , en effet , je me souviens du premier complot contre Hassan II : J’étais attablé au café La Renaissance au centre de l’avenue Mohamed V à Marrakech , lorsque la radio de Rabat annonça que :  « L’armée du peuple avait pris le pouvoir pour le peuple » … Comme la plupart des jeunes qui étaient au café , je me suis levé émerveillé …

En écoutant «Sawt Al Arab  » ( la voix des Arabes ) nous avions été intoxiqués par la chimère nassérienne d’une république arabe s’étendant du Golf à l’Atlantique et où Israël était représenté comme un "poignard dans le corps de la patrie arabe" . Et lorsque le colonel Nasser , le Goliath a été terrassé par le petit David israélien , nous avions fui en avant . De chimère continentale en chimère  internationale . De mythe arabo islamique à mythe international ... 

Et nous étions tombés dans la mythologie de l’internationalisme prolétarien . Nous rêvions d’une république soviétique au bord de l’Atlantique … Mais douze ans après, à Odessa, en Crimée, chez un camarade membre suppléant au CC (Comité Central) du PCUS (Parti Communiste de l'Union Soviétique), un séjour d'un chez ce camarade  tout puissant Procureur de l'Etat socialiste soviétique, fera s'écrouler mes bornes idéologiques (voir le chapitre).
                                                                                                                          Emerveillé donc par le putsch militaire je quittai des camarades connus dans une rencontre à Ait Ourir avec Paul Pascon et Thami Khyari…
 Arrivé chez moi, à 300 mètres du café , j’ai trouvé que mon père avait fermé son magasin . Je lui ai annoncé : « Papa ! L’armée du peuple a fait la révolution ! Nous allons vivre en république ! »                                                Mon père me regarda et dit : « Laisse-moi ! J’ai entendu la radio et j’ai fermé l’épicerie ".                                                                                           - - Mais papa ! Tu n’es pas content ? Ce sont des hommes comme le général Habibi qui habite juste en face de chez nous qui ont fait la révolution ! Ils vont nous libérer de l’exploitation , de l’injustice , de la corruption et de .l’ignorance … Le général Habibi que j’avais vu la veille promener sa petite fille, sera fusillé 48h après par Hassan II …                                                                                                                                             
- Laisse-moi mon fils ! J’ai mal à la tête ! J’ai peur de cette « Tawra » (en arabe femelle du taureau et homonyme de révolution ). Me dit papa.
 J’avais donc compris combien mon père était royaliste même s’il avait vécu plus de dix sept ans en France …
Dans notre tribu de montagnards , en effet , la royauté se confondait avec l’appel de la prairie , avec l’amour de la prairie. C’était déjà vrai à une époque où les rois du Maroc ne tenaient que les principales plaines …

 A Oujda donc les trois policiers en civil me firent entrer au commissariat central par le garage puis par un escalier de service. Ils me conduisirent chez le préfet  qui me demanda rapidement:                                                                                   
- Tu as assisté à la réunion d’Oran ?                                                                - Oui , monsieur …                                                                                            - Tu es avec Ila Al Amam (groupuscule d’extrême gauche) ?                          - Non monsieur je milite au P.P.S ( Parti du Progrès et du Socialisme ex P.C marocain ).  J'ai assisté au premier congrès … D’ailleurs demandez à Saïd Ajroud, le secrétaire de la région d’Oujda. Je suis secrétaire de la région Nador-Al Hoceima... Simon Levy  doit faire un exposé de formation idéologique sur la RND (la Révolution Nationale Démocratique)  cet après midi chez Saïd Ajroud ou chez Boudchichi, il vous  confirmera que je ne suis pas avec Ila Al Amam … Je suis pour mon Roi et pour la marocanité du Sahara Occidental … 
Le préfet me demanda : « Et cette liste de neuf personnes trouvée dans ta poche ? »    
 - « Ce sont les lycéens qui étaient absents la veille des vacances . La feuille est restée dans ma poche ! Contrôlez au lycée Al Kindy de Nador ! … ». A la première heure de la reprise des cours les limiers des renseignements généraux de Nador se pointeront au lycée..                                                                        
Le préfet passa un coup de téléphone … Il devint subitement aimable. Il me présenta , des photos dont celle de Fkih Basri et de M.El Ouali et me demanda qui était présent . Il me demanda ensuite de lui faire un résumé succinct de ce que j’ai entendu à Oran. Je me suis exécuté avec un certain zèle … Il me demanda : « Tu n’as plus que 100 DH et tu vas à Nador ? »     

- Oui monsieur répondis-je en récupérant ma ceinture où étaient cachés plus de 5 000 Francs français mais que ni le grand chef, ni aucun des trois policiers n’a pu voir ! Le préfet dit :
- « Commissaire ! Prenez- lui un billet à la C.T.M pour Nador ! »;

 C’est ainsi que , après avoir espionné le Polisario à des centaines de kilomètres du royaume j’ai gagné un billet qui valait 20 DH !

Plus de 40 ans après , à Agadir , j’ai rencontré une Sahraoui qui reçoit 20 700 DH/mois de l’Etat marocain sans pouvoir dire ce qu’elle fait comme travail …
Dans ce royaume , c’est le ciel qui fait la pluie et le beau temps et c’est encore le ciel qui donne ce qu’il veut à qui il veut dans le cadre du Mektoub (l’écrit , le fatal) , dit-on …

NON A CE FAVORITISME SÉGRÉGATIONNISTE DONT PROFITENT
DES NOMADES TRIBALISTES QUI SE PRENNENT POUR LES ÉMIRS DU FAR WEST DE L'OUMMA!!!!! 


       

2 commentaires:

  1. Cette haine pour les sahraouis caractérise tous les marocains. Cest fou! Je ne veux pas imaginer ton état maintenant que l'indépendance du Sahara est à deux pas. Tu vas te suicider ou tu rentreras au Sahara clandestinement pour leur faire la guerrilla au nom de ton roi? Les sahraouis sont des braves hommes qui se sont battus contre les envahisseurs. Vous, vous attendez un miracle pendant que Mohammed VI vous baise comme il veut. Vous ne méritez que ça parce que vous êtes des lâches.

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    1. sI tu n'es pas lâche signe avec ton nom espèce de bactérie... Hijo de puta ! Le Sahara est plus marocain que Casablanca ou Tanger ! Ve te soigner ou simplement t'informer !

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