Il y a 3 ans, il a beaucoup plu dans cet Anti Atlas... Ci-dessus une photo prise avec mon fils non loin du sommet le plus haut de cette chaîne (El Kest à 2 200 m d'altitude)... Cette année aucune goutte d'eau depuis des mois ! Une invasion de nomades sahraouis se jette sur ce qui reste de vert...
A l'occasion de ce week end et de cette sécheresse qui frappe à notre porte, voici un extrait de mon roman "La blessure des clous de girofle"... J'ai bien dit à l'association de Tamazight lorsqu'elle a collecté 150 millions et reçu de la Belgique presque autant, que j'étais opposé à l'adduction de l'eau à partir de la nappe car cela allait tuer les petites sources et détruire les écosystèmes... Je suis en train d'avoir raison !
"...Il pleuvait par
nappes qui tombaient de biais et formaient comme un voile transparent pour les
lits à baldaquin de nos très vieilles montagnes de rocaille. Mais la nappe
phréatique devenait triste, comme si elle savait le sort qui l’attendait
quelques années après : Les indigènes parvenus qui sont allés aiguiser
leur individualisme et leur égoïsme dans les villes des plaines suceront cette
nappe pour remplir leurs piscines et arroser leurs jardins. Les sources des
écosystèmes tariront une après une. Le désert se généralisera autour d’îlots
construits par des inconscients avec des aides européennes.
Ainsi, avec les
cadeaux européens empoisonnés pour l’adduction de l’eau, l’or bleu sera
librement extrait de la nappe phréatique. Ensuite, il sera amené dans des
tuyaux vers les maisons et les palais éparpillés dans les montagnes. Les
robinets remplaceront les sources en train de tarir. Dans les maisons, les
bouches qui sucent les nappes attendent de ne plus rien avoir à sucer pour se
métamorphoser en serpents.
Ces derniers ne
mordront pas. Ils danseront en se moquant et en chantant : « A nous
le désert ! A nous les piscines vides ! A nous les trous des sources
taries ! Vive le progrès ! Vive la coopération et l’aide européenne
pour l’adduction de l’eau dans ces montagnes semi-désertiques ! Vive la
liberté des riches à avoir pleines leurs baignoires et leurs piscines, à
arroser leurs jardins avec l’eau de ces pauvres et misérables nappes
phréatiques ! Gloire aux peuples des serpents du désert qui ne boivent
pas, ne pensent pas ! Gloire à tous ceux qui ont le ventre si gros qu’ils
le traînent par terre ! . Que les nappes qui ont beau se cacher sous
terre crèvent ! Vivons aujourd’hui et laissons le bled à Allah, son
Créateur ».
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