mercredi 19 juin 2013

ISLAM POLITIQUE: Un assassin nommé gouverneur en Egypte

Un policier égyptien monte la garde, le 19 novembre 1997, devant le temple de la reine Hatshepsout à Louxor, où 62 personnes   dont 58 touristes étrangers - ont été massacrées.
Adel Mohammed al-Khayat qui vient d'être nommé gouverneur de la ville touristique égyptienne de Louxor, fut l'un des chefs des Gamaa al-Islamiya, responsables du massacre de 58 touristes étrangers en 1997.

Sinistre nouvelle pour le tourisme égyptien: le nouveau gouverneur de Louxor est un ex-dirigeant des Gamaa al-Islamiya, le groupe islamiste armé impliqué dans le massacre, en 1997, de 62 personnes - dont 58 touristes étrangers - dans le temple de la reine Hatshepsout. «C'est un choix très mal placé. Ça va faire fuir les derniers touristes étrangers. Ils sont déjà nombreux à avoir boudé l'Égypte depuis la chute de Moubarak», s'emporte Ibrahim Osman, contacté par téléphone. Lundi, ce guide touristique était parmi la petite centaine de personnes à manifester devant le bâtiment du gouvernorat pour tenter d'empêcher son nouveau locataire d'y accéder. Le lendemain, les protestataires, plus nombreux, ont réitéré leur colère en criant: «Non au gouverneur terroriste.»
La quarantaine, Adel Mohammed al-Khayat fait partie des 17 nouveaux gouverneurs, dont plus d'un tiers d'islamistes, désignés par le président Morsi, issu des Frères musulmans. Après l'assassinat d'Anouar el-Sadate, en 1981, il avait été arrêté par la police à l'instar de ses camarades de la Gamaa. En 1997, le jour du massacre au temple d'Hatshepsout, il dirigeait une unité de l'organisation dans une autre province.

Conséquences désastreuses pour le tourisme

Quelques années plus tard, en 2003, la Gamaa finit par renoncer à la violence, avant de rejoindre le processus politique après la révolution de janvier 2011, en créant le «Parti de la construction et du développement», dont fait partie Adel Mohammed al-Khayat.



Mais à Louxor, son nom suffit à donner des frissons. «Sa nomination fait ressurgir le terrible souvenir du massacre du temple d'Hatshepsout, et les conséquences désastreuses sur le tourisme, pourtant vital pour l'économie du pays. Nous n'avions pas besoin de ça», avance le guide Ibrahim Osman, en condamnant le manque de tact du président Morsi. Et de rappeler que dans la cité de Thèbes, «70% de la population travaille dans le tourisme». «Depuis la chute de Moubarak, le nombre de visiteurs quotidiens de la Vallée des Rois est passé de 10.000 à 800. Avant, les touristes étrangers restaient à Louxor pour plusieurs jours. Aujourd'hui, ils préfèrent prendre un vol direct pour Hourghada, où ils profitent de la plage, loin des tensions politiques, et ne consacrent à Louxor qu'une petite journée. Ce n'est pas un islamiste qui va arranger nos affaires», déplore-t-il.

Selon le gouverneur, toutes formes de tourisme seraient bienvenues

Interviewé par un journal égyptien, le nouveau gouverneur a assuré que «toutes les formes de tourisme» seraient les bienvenues. Pour leur part, les partisans de Morsi ventent l'efficacité de la Gamaa al-Islamiya dans la lutte contre la criminalité, en hausse ces deux dernières années. Des promesses qui sonnent pourtant faux pour les anti-Morsi, inquiets de voir le puritanisme mettre en danger les shorts, l'alcool et la mixité jusqu'ici acceptés à Louxor. Au-delà des conséquences désastreuses de cette nomination, le politologue Gamal Sultan y voit «le souci du président égyptien de consolider une coalition politique avec les islamistes radicaux», à l'approche d'une grande manifestation de l'opposition prévue le 30 juin, date anniversaire de son élection.

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