Saïd LEMLIH, victime exemplaire des "fruits de la corruption"

Je n'écris plus depuis peu. La découverte d'un petit brin de vérité existentielle m'a totalement déboussolé. Il m'a jeté dans un monde quasi virtuel. Je tourne dans un atelier où je fabrique de l'espoir et de la joie. Le destin m'a jeté dans un milieu où mes proches sont des roches et des cloches. Roches endurcies par l'amour du fric et devenues le granit de l'autel de la douleur, cloches modelées par les chiens de Mac Zen qui n'ont de zen que le nom du patron.

Bref, il y a un siècle feu mon père Ahmed et son frère, feu mon oncle M'hamed descendirent de l'Atlas pour gagner leur pain dans les "riches plaines". Le premier, mon géniteur, alla en France, le second à Meknès. Mais tel un virus gravissime, le capitalisme néocolonial commençait sa sale besogne: Ainsi, il brisa terriblement notre famille. Telle une bombe qui explose au milieu de plus de cent descendants des 2 hommes, les membres de notre famille sont jetés très loin les uns des autres: En Amérique, en Europe, en Asie et aux quatre coins du royaume nord africain. La cassure touche tous les domaines: Nous avons une infime minorité d'universitaires face à des dizaines d'analphabètes. La cassure économique est franchement satanique: Une poignée de milliardaires et une immense majorité de membres qui s'enfoncent dans la pauvreté...

Ce que nous avons de mieux partagé c'est notre égoïsme et notre individualisme. Nous vivons un manque flagrant d'humanismes et de bonheur ! C'est parce que je suis conscient du caractère de cette vie, éphémère pour tous évidemment, que je voudrais en rire.  Rire des holdups qui donnent des holdings, Rire des malheureux naufragés des alcools (mes neveux les fils de ma sœur) ?  Exemple: Mostapha qui a volé à son oncle à l'arrachée sept mille Euros, il y a 18 ans... 

Je voudrais écrire avec mon sang un seul mot "merde" et mourir et sortir libre comme un oiseau sortant de sa cage; libre de cette comédie mélodramatique qu'est notre vie ici bas !