La complexité
Par : Abdeslam Seddiki
L’université annuelle organisée samedi dernier par le PPS fera sûrement date. Par le thème choisi d’abord : « le modèle de développement démocratique, efficient et équitable ». Ainsi, elle a touché au fond du débat national pour rompre avec la médiocrité ambiante alimentée par les faits divers généralement fabriqués de toutes pièces afin de détourner l’opinion publiques des questions fondamentales.
Par la qualité et la pluralité des intervenants ensuite : ces derniers sont dans leur majorité des sommités scientifiques et des personnalités politiques qui constituent une fierté pour notre pays. Le PPS a vu juste en optant pour un débat ouvert et contradictoire et en s’ouvrant sur des personnes qui ne partagent pas nécessairement ses positions. D’ailleurs, le débat ne peut se faire que dans la contradiction surtout lorsqu’il s’agit de questions sociétales complexes.
Et justement c'est sous l’angle de cette complexité que le Professeur Mohamed Berrada a abordé « les fondamentaux d’un nouveau modèle de développement ». Pour ce faire, il a opté pour une méthodologie empruntée à la fois à deux illustres penseurs : Karl Marx et Edgar Morin. Il a pris « la dialectique matérialiste » chez le premier et la théorie de « la complexité » chez le second pour construire une « pensée dialectique du complexe » qui est seule à même de faire le contrepoids à la pensée néo-libérale dominante. A l’aide de cette dialectique du complexe, l’orateur a montré toutes les faiblesses de notre modèle de développement et esquissé les contours d’un nouveau modèle.
Le développement d’après l’auteur « est un concept complexe. Il lie une multitude de facteurs entre eux, comme l’économie, l’éducation, les valeurs sociétales, les traditions, le processus démocratique, l’histoire, le savoir-faire, le temps…etc.…des facteurs quantifiables qui se mélangent avec des facteurs non quantifiables ». Il rejoint en cela les grands Economistes comme François Perroux, De Bernis, Aziz Belal et d’autres.
Il critique sévèrement le libre –échange à tout crin : « Le pays a besoin d’un minimum de patriotisme économique. Donner la priorité à la production nationale. « Maroc d’abord ! ». Et de poursuivre : « Entre le libre- échange tout azimut et protectionnisme tout azimut, il y a des espaces de précaution où des actions sont nécessaires pour renforcer la compétitivité de notre industrie, tout en respectant nos accords. Partout dans le monde, à l’exception de notre pays, le débat entre libre échangistes et protectionnistes, entre souverainistes et mondialistes est ouvert ».
Pour l’ancien Ministre des finances, le modèle de développement se définit ainsi : « Un modèle où on parlera moins de croissance et plus de développement, où la qualité deviendrait un critère plus pertinent que la quantité, un modèle qui place l'homme au centre de toute préoccupation, un modèle, où on cherchera à se moderniser sans s’occidentaliser, en construisant nos stratégies sur nos valeurs traditionnelles, à l’instar de certains pays asiatiques comme la Chine, le Japon ou même la Turque, un modèle qui verrait l'économie verte submerger l'économie financière, le concept de bien-être dominer celui du bien-avoir, un modèle où l’économie sociale et solidaire envahit peu à peu les domaines de l’économie financière. »
C’est bien ce que pense le PPS !! D’ailleurs, cette convergence de vues a été bien relevée par certains intervenants. Quand on se débarrasse du dogmatisme, du stalinisme et de la pensée unique pour s’imprégner de l’esprit scientifique et d’un patriotisme sincère, il n’est pas exclu de dégager des terrains d’entente et des espaces de convergence.
En fin de compte, nous pouvons affirmer, sans excès d’autosatisfaction, que l’université annuelle du PPS a tenu ses promesses. Le Parti a démontré, encore une fois, sa force en tant que parti qui sait créer l’événement sans verser dans le show politique qui se transforme en feu de paille. Cette journée a démontré aussi que le pays regorge de potentialités intellectuelles capables de produire des idées et de proposer des solutions. Aux politiques de saisir cette aubaine pour valoriser le « made in Morocco ». C’est du patriotisme tout court !!
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