jeudi 20 septembre 2018

Autre extrait de Mac Rond au carré mecquois, roman de S.Lemlih

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Ci-dessous un autre extrait de mon futur roman intitulé Mac Rond au carré mecquois



                     8  Fugitifs à Marrakech

Après un séjour d’une douzaine de jours à Dakhla, dans le Sahara Occidental Marocain, le couple s’envole pour Marrakech où il atterrit deux heures après...

Ils reçoivent un accueil chaleureux. Seul un groupe de manifestants l’a noirci. Ceux-ci lancent des slogans racistes anti-français. Sur des banderoles on peut lire : « Le DINER est mécréant ! Les Musulmans français sont faux et contre l’islam ! », « Le DINER est fasciste et non musulman ! ». Des hommes armés de matraques viennent disperser rapidement les manifestants...

Sortis de l’aéroport, les Mac Rond montent dans une luxueuse limousine officielle avec un couple d’accompagnateurs marocains. Deux motards précèdent le véhicule. A peine engagé dans la grande avenue de la Révolution de Juillet 1971, on entend des coups de feu et deux hommes en djellabas jaunes, s’écroulent au bord de la chaussée. Les Mac Rond demandent à leurs accompagnateurs ce qui se passe...

- Ce sont deux êtres inutiles qui voulaient traverser l’avenue devant nous, et nos gardes motorisés les ont éliminés.
-  Mais c’est horrible ! Pourquoi vous dites qu’ils sont inutiles ?
- Le Parlement Fédéral de notre Fédération des Républiques Démocratiques et Populaires du Maroc a réformé notre constitution en y ajoutant la notion de « citoyen inutile » : Celui qui ne possède rien du tout et qui ne fait rien du tout. Les inutiles peuvent être exportés hors taxes ou utilisés comme des robots. On peut les descendre lorsque, par exemple, ils gênent la circulation. C’est la grande tribu des « zéro droit »...

-  Je vais vomir ! Chéri, retournons chez les pirates à Libertalia ! Chez Misson et Barbe Noire ! Ici, nous sommes dans un bled de fous, d’assassins et de malades et d'ultra égoistes !
-  Mais Madame, ces inutiles se multiplient mieux que des rats, comme des couchons ! Dit l’accompagnateur.
-  Vous les habillez tous en djellabas jaunes ?
- Ils sont surveillés par distance car on leur a injecté un détecteur. Les djellabas jaunes c’est pour simplifier leur identification visuelle. Celui qui ne la porte pas reçoit cent coups de bâton !...

-  Et comment et quand vous déterminez qui est inutile et qui ne l’est pas ?
-  Chaque personne non propriétaire de quelque chose est considérée comme inutile. Ses enfants deviennent aussi inutiles sauf s’ils payent et s’ils parviennent à devenir propriétaires en faisant du commerce  comme Sidna Mohamed et comme les premiers Musulmans… Maintenant, nous arrivons au palais présidentiel. Notre Raiss va vous recevoir...

En effet, une minute après, le couple arrive à l’entrée du tout nouveau palais du Maréchal-président. Celui-ci, âgé de 96 ans,  vient sur le seuil dans son fauteuil roulant. Il a beaucoup de mal à sourire car son visage est couvert de crème réparatrice. Avec son index, il fait signe vers le ciel...

La jeune femme derrière le fauteuil, en burqa et complètement emballée dans du tissu noir, dit : « Notre Président ne parle pas français ! Il vous dit que c’est Allah qui vous as amené vers lui et qu’il Le remercie ! ».
-  Chéri ! Demande-lui comment ça se fait que le DINER ait changé d’attitude vis-à-vis de nous…
Mac Rond fait le signe de la nuit et du manger à l’adresse du vieillard qui tombe subitement dans une syncope et se met à ronfler bruyamment.
La femme en burqa crie : « Le Raiss s’est endormi ! La séance est levée ! Notre premier ministre, ici présent, va continuer avec vous !... Attendez ! Notre Raiss se réveille ! »...

- Pourquoi il fixe mes jambes de ses yeux tout ronds, comme si elles avaient quelques choses d’anormal ou de merveilleux ? Demande Madame Mac Rond toujours troublée par l’affaire des pauvres dits « inutiles ».
-  Madame on peut expliquer à votre mari. Veuillez donc passer dans la pièce à côté rien qu’une minute !

Lorsqu’il n’y a plus que des hommes dans la salle, le premier ministre dit : « Notre Raiss est obsédé. Comme son règne est presqu’aussi long que les 55 ans de l’empereur Moulay Ismaël, notre maréchal voudrait faire comme lui qui a eu 650 vierges mais il ne veut pas avoir autant d’enfants que ce sultan qui en a eu plus de 800 ! Ainsi, notre Président n’a plus qu’un seul membre qui marche à coup d’excitants…
-  Mais, monsieur le premier ministre, ma femme n’est pas vierge ! Pourquoi le Raiss s’excite ?
-  Je vous ai dit qu’il est obsédé ! Dès qu’il voit une peau féminine, il s’excite ! Les médecins nous ont conseillé de ne pas tenter de le soigner car ses excitations ont sur son cœur le même effet que s’il faisait du footing.

Se rapprochant du chef du gouvernement, il lui demande à l’oreille : « Et si ma femme enlevait sa culotte est-ce-que le Maréchal partirait au paradis d’Allah ? ». Laissant le raiss du gouvernement réfléchir à la réponse, Mac Rond se rapproche du vieillard pour le saluer. Mais il s’est rendormi...

La présidence fournit au couple un très beau et très spacieux  logement au palais et un commando pour l’accompagner  dans sa visite de la ville ocre. Mais les Mac Rond ne comprennent toujours pas la raison du changement de l’attitude du DINER à leur égard.
A Marrakech, le tourisme étant déclaré pas halal, il n’y a pas d’hôtel dans toute la cité ni dans les environs. Les très rares non musulmans ne peuvent circuler sans escorte armée jusqu’aux dents. Même les Européens convertis à l’islam sont assimilés à des mécréants.

Sur la fameuse place Djamaa El Fna, deux spectacles quasi quotidiens regroupent des milliers de spectateurs : Une guillotine et une scie de boucher montée sur un pied artisanal très bien décoré. On coupe les têtes aux criminels et aux pêcheurs et les mains aux voleurs...

Arrivé dans une calèche blindée, le couple fait un rapide tour sur la place. Encadré par son commando protecteur, il voit avec un profond dégoût et une immense peine, ses gardiens tirer à bout portant sur plusieurs de ces inutiles en djellabas jaunes qui osent gêner la marche du groupe. Avant de mourir, les victimes crient : « Allah Akbar ! Vive le Maréchal ! ». Le clergé les a convaincus que le Raiss a aussi les clés du paradis....

Dans l’après-midi, le premier ministre convoque le couple. Il leur présente un projet de téléphérique entre la Koutoubia et le djebel Guéliz avec une cabine en or pour le Raiss. Devant l’hilarité du couple, le chef du gouvernement dit : « Excusez-moi, le conseiller du Maréchal m’a dit de présenter ce projet aux nosranis (chrétiens) et j’ai cru que c’était vous ! »
-  Mais, monsieur le chef du gouvernement, nous sommes musulmans : Je suis Mohamed Mac Rond et ma femme s’appelle Khadija Mac Rond, voyez nos passeports !...



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