dimanche 11 février 2018

A quoi sert le SIEL de Casablanca ? par Mohamed Laroussi




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Je répondrais: ...à momifier le livre, à justifier des dépenses et à faire du cinéma pour les bureaucrates certainement pas lecteurs du tout... 
Mon ami écrivain Mohamed Laroussi écrit:
A quoi sert le #Siel ?...
« 4 ouvrages et un désenchantement ».
Le Salon International de l'Édition et du Livre, dont c'est la 24ème édition cette année, vient d'ouvrir ses portes pour faire rentrer comme à l'accoutumée les milliers de visiteurs et visiteuses, à la grande satisfaction des exposants pour ne pas dire des commerçants, et des responsables pour ne pas dire des administrateurs.
Avant de continuer, j'aimerais poser une première question : A-t-on fait le bilan des 23 éditions passées et cumulées ?
Attention : je ne veux pas un bilan avec plein de chiffres sur le nombre des entrées ou même sur le nombre de livres vendus.
Les millions ne m'ont jamais impressionné. Personnellement, ce qui m'intéresse le plus, c'est de savoir s'il y a eu ou non une évolution effective et réelle de la lecture chez nous, autrement dit, est-ce que le pourcentage des gens qui lisent chez nous a fini par augmenter et devenir significatif ou bien est-il toujours ridiculement bas ?
Hélas, je connais la réponse et je sais que les responsables, tous les responsables et pas seulement le ministère chargé de la culture, ne veulent pas entendre parler de ces questions non pas qu'elles seraient saugrenues mais parce qu'elles réduisent à néant leurs efforts de communication et plus exactement leur volonté de paraître.
L'année dernière, après avoir visité le Salon, j'avais commis un article très anodin dans le quel je taquinais un peu l'organisation et bien entendu les organisateurs.
J'y avais parlé notamment de l'univers de foire et de kermesse qui prévalait et qui a toujours prévalu dans ce salon.
Et bien, il n'a pas fallu plus que cela pour que notre ministre de la culture - qu'au fond j'aimais bien ne serait-ce que parce qu'il fait partie d'un parti où j'ai pas mal d'amis – adresse un droit de réponse journal ( le360) où j'écrivais à l'époque et qui a cru bon de publier.
Un droit de réponse qu'on exige contre un billet satirique, je crois qu'il y a au Maroc que cela existe.
Revenons au Siel.
Je n'y suis pas encore allé cette année, et je ne vous cache pas que je suis vraiment en train de me tâter si j'y vais ou pas.
Pourtant je fais partie des personnes passionnées par la lecture mais je n'attends pas le Salon du livre pour acheter des livres ou pour en parler.
Soyons clair : je ne suis pas contre ce salon mais contre la manière très archaïque de son organisation et qui ne semble pas faire avancer le schmilblick.
Maintenant, si vous permettez, je voudrais vous parler de ma modeste expérience avec l'édition et avec les éditeurs.
Je n'ai pas besoin de vous dire que mes plus grandes passions, c'est la lecture et l'écriture.
C'est simple : depuis que j'ai appris à lire, je n'ai plus arrêté d'écrire et vice-versa.
Pourtant, je n'ai publié mon premier livre que très tard.
Il s'agissait - permettez-moi cet adjectif si pompeux - le « fameux » « Satire sur tout ce qui bouge » qui avait eu un succès relatif très honorable à tel point qu'une 2ème édition a été lancée quelques semaines à peine après sa sortie. Il m'a valu aussi quelques déboires avec le fisc, mais cela est une autre histoire.
Quelques mois après, et avec le même éditeur, un grand ami de l'époque mais qui ne l'est plus, j'ai sorti un 2ème ouvrage, une compilation sélective d'articles, chroniques et billets parus dans différents journaux, sous le titre « Que personne ne rigole »t.
Ce livre a eu également un succès non négligeable.
Pourtant, ces 2 livres, on ne peut plus les retrouver depuis très longtemps dans aucune librairie au Maroc ou ailleurs, non pas que leurs stocks soient épuisés, mais tout simplement parce qu'ils dorment pour je ne sais quelle raison quelque part dans je ne sais quelle cave ou quel hangar.
Le malheur dans tout cela, c'est que mon éditeur et ex ami a disparu ou plus exactement s'est mis aux abonnés absents depuis presque 15 ans.
J'ai cherché plusieurs fois à le joindre en vain.
Maintenant, j'ai un aveu à vous faire : je n'ai aucun contrat avec cet éditeur et je n'ai jamais touché le moindre centime de droit d'auteur sur les ventes de ces 2 livres.
Malgré ces déceptions, j'ai attaqué quand même mon premier roman « Marx est mort, mon amour », dont l'écriture a duré pas moins de 4 ans, parce que j'avais d'autres fils de pub à fouetter.
Cette expérience a été beaucoup plus agréable à vivre, notamment parce que 2 éditeurs s'y étaient intéressés et avaient décidé de le co-éditer : un marocain, Rachid Chraibi de Marsam, et un belge, Patrick Lowie de Biliki.
Mon roman Marx est mort, mon amour » a bien marché mais à mon avis aurait pu faire beaucoup mieux si le secteur de l'édition et de la distribution dans notre pays n'était pas ce qu'il est.
La preuve, je n'arrive pas à le trouver dans les librairies, ne serait-ce que pour l'offrir.
Et j'en arrive au 4ème et dernier livre : « La fureur de rire ».
Je ne pensais pas que ce titre allait s'avérer si juste. En fait, je suis furieux et je n'ai pas très envie de rigoler.
Je vais essayer de vous la faire courte.
J'avais envie de publier une nouvelle compilation de mes billets parus entre 2006 et 2016 (la première concernait la période 1996 à 2006).
Un jour un ami m'a présenté une dame comme étant son associée dans une nouvelle société d'édition qu'is venaient de créer ensemble.
Dès qu'elle m'a proposé de publier mon livre, je n'ai pas réfléchi, je lui ai fait confiance et je lui ai dit oui.
Puis aussitôt après, j'ai mis la tête dans le guidon, et je me suis mis au boulot. Et quel boulot !
Il fallait reprendre quelques 3000 articles, les relire, en choisir très difficilement seulement 300 – c'est le chiffre arbitraire mais nécessaire pour le projet d'un livre « normal », corriger les 300 billets, les mettre en page, concevoir la couverture, contacter et convaincre mon ami Khalid Jamaï - que je remercie au passage - pour faire la préface, trouver un imprimeur pour l'éditrice qui n'en connaissait aucun étant donné qu'elle vivait en France, bref, une tâche des plus ardues mais que j'avais menée avec passion et avec plaisir puisque l'important pour moi, c'était de sortir mon ouvrage.
De plus, il fallait qu'il soit prêt à une date précise, à savoir à l'ouverture du Festival Europe Orient du Film Documentaire à Tanger, événement que nous avions programmé pour le lancement national du livre.
Le défi a a été relevé et le jour J, mon bouquin a été présenté à Tanger au public et à la presse. J'étais heureux et mon éditrice semblait l'être encore plus que moi.
Mais c'est après que les choses se sont compliquées.
Dès que la tension a baissé, je me suis rendu compte que mon éditrice ne maitrisait pas beaucoup ni le domaine de l'édition, ni celui de la distribution.
En un mot comme en mille, ce n'était pas une vraie professionnelle.
Et là, j'ai décidé d'arrêter net ma collaboration avec elle au risque de ne pas voir mon ouvrage distribué et de perdre ainsi tous mes droits aussi bien moraux que financiers.
Ah ! Je dois vous faire un nouvel aveu : je n'avais pas encore signé mon contrat avec elle.
Oui, je suis incorrigible.
Voilà.
Mon livre a été lancé en Octobre 2016. Mis à part quelques exemplaires que j'avais pu me procurer chez elle et que j'ai offert à quelques proches et amis, en plus de quelques dizaines d'autres qu'elle a écoulés chez quelques libraires, le reste doit dormir dans des cartons quelque part car je lui ai interdit de les mettre sur le marché.
Pourtant, mon livre a été exposé au Salon du livre de Tanger et même, m'a-t-on rapporté, au celui de Paris de l'année dernière.
Tout cela pour vous dire comment sont grandes ma déception et mon amertume concernant le secteur de l'édition dans notre pays.
Ma fureur de rire est en train de céder la place à ma fureur de fuir.
Cela ne m'empêche pas de continuer de travailler depuis plusieurs mois sur plusieurs projets de livres que j'aimerais bien publier, parce que je ne perds jamais espoir.

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