lundi 8 septembre 2014

Agadir: Des sardines niquées par des hommes



Avant propos: "niquer" veut dire voler et exploiter honteusement. Le terme n'a donc pas ici son sens sexuel..

Hier soir, vers minuit, dans un quartier pauvre au sud du Grand Agadir, un marchand ambulant s'arrête un moment. Il se verse un verre de mahia clandestine (eau de vie). Puis il jette un coup d'oeil à la caisse de sardines fixée sur son vélo: il y avait encore plusieurs kilos de cette richesse nationale méprisée. Poussant sa bicyclette, il se met à crier: " Hako sardine bi 3 DH! "...
Quand il s'approcha d'une maison, il cria très fort :" Sardines!". Il ne s'arrêta que lorsqu'il reçut un gros caillou sur la tête. Une bande de drogués buveurs de mahia arriva illico presto sur les lieux et se met à crier: " A wili mat ! O lah ila mat !" (mon dieu! il est mort!) évidemment ce n'est pas Allah qui est mort, mais le vendeur de sardines...
L'ambulance mit une bonne heure pour arriver et le conduisit aux urgences de l'hôpital, à deux kilomètres de là...
- Est-il mort ? demandai-je à celui qui me raconte ce fait divers.
- Je ne sais pas !... C'est la faute au Makhzen..." Me répondit-il.
- Pourant le richissime ministre de l'agriculture et des pêches a fait une campagne pour la consommation des sardines... Et vous vous les méprisez !  Vous les laissez dans la rue jusqu'à minuit ! Vous les laissez tomber à 3 DH, moins que la tomate ! Dis-je.
- Tu n'as pas 20 DH pour compléter le prix d'un quart de mahia... J'en ai marre de chômer et de me faire niquer par le Makhzen... Tu sais lorsque j'ai entendu tout à l'heure à la télé que 1 600 Marocains se sont suicidés en 2013, j'ai pensé les suivre moi aussi!" Dit-il.
- Un peu d'espoir ! Tant que tu es en vie tu dois espérer ! Tant que le Makhzen ne t'a pas tué tu dois espérer ! Il peut te niquer, mais il n'aura pas ton coeur ! Un minimum de foi, toi qui croit en Dieu ! Un dicton berbère dit bien :" Tant que ceux qui nous ont vaincus ne nous ont pas tués, il y a de l'espoir"... Ils n'emporteront pas leurs biens dans la tombe...

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