vendredi 29 novembre 2013

MAROC: Une langue qui méprise les substrats et les adstrats

وجهة نظر: المفكر والمهرج                   – علي أنوزلا
Pour une fois les rôles sont inversés: c'est le bourgeois homme d'affaires de gauche (Nouredine Ayouche) qui remet en cause l'arabe classique imposé au Maroc par l'association des panarabistes et des islamistes. Alors que l'intellectuel de droite (Abdallah Laroui) s'oppose et milite pour le statut quo, peut être parce qu'il fait partie d'une tribu arabe. La maladie du tribalisme. Cette association islamo-panarabe renie les réalités linguistiques dans le royaume et notamment le substrat amazigh et les adstrats latins, qu'elle fait remplacer par les substrats et les adstrats propres à la péninsule d'Arabie...
Et on exhibe l'épouvantail de la francophonie... comme si les Arabes avaient conquis le pays avec des fleurs contrairement aux méchants colonialistes qui l'ont conquis avec des armes et qui ont fermé plusieurs souks d'esclaves et essayé de christianiser le peuple...
Ainsi, lorsque la télévision est arrivée, il y a une cinquantaine d'années, nos islamo-panarabistes sont allés chercher un nom convenable à cette nouvelle boîte à merveilles, chez les arabes du Liban qui ont créé le mot-mort né de "al mirnai" (littéralement: là-où-on-regarde)... Il en sera de même de l'ordinateur, appelé "al hasoubo" (littéralement: l'endroit-où-l'on-calcule)... Dans de larges domaines de la vie, par exemple la mécanique, l'utilisation de l'arabe classique demande tellement d'efforts que personne ne s'y risque...
Cependant, le Maroc n'a pas besoin d'un édit de Nantes (naissance du français il y a plus de mille ans) pour sa langue parlée (la darija). Il a juste besoin qu'on cesse d'apprendre à des enfants de six ans que l'arbre se dit "chajaratoune" et non "chajra", que le sujet se termine toujours par "o", que le complément d'objet direct se termine toujours par "a", sauf au Yemen et en Irak, qu'il existe dans la conjugaison de tous les verbes une personne de deux ( qui ne sont jamais mixtes) , le motanna...
Il faut aussi limiter l'enseignement du catéchisme islamique et supprimer les textes relatifs aux diables ou qui insultent, par exemple, les juifs et surtout les incroyants...
Le petit de six ans apprend ainsi qu'on n'appelle pas les choses par leurs noms, qu'on n'écrit pas comme on parle... ce qui ouvre la voie à l'apprentissage de l'HYPOCRISIE sous toutes ses formes dans un monde où La Langue vient de très loin. Une langue qui méprise royalement les substrats et les adstrats locaux...  

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